"La rue est un lieu d’échanges et de rencontres.
Elle est passante pour les passants. Pour les sans abris elle est refuge et occupation.
Ils y sont exilés et exposés. Alors la rue fonctionne avec eux : leur quotidien, grands et petits drames, chances et bonheurs des quêtes et des sourires.
Ces portraits sont des instants de vie, des regards croisés, des échanges.
Après deux ans d’école en restauration d’art, j’ai choisi la peinture. La rencontre avec des sans abris date de la période de mes études, quand je les croisais chaque matin et chaque soir, chacun sur notre chemin.
Cette femme voilée sur la bouche d’aération, ce jeune homme avec son chien, ces mômes autour du Macdo et cet homme étrange toujours en short : ils étaient devenus des repères. Mine de rien, entre méfiance et curiosité, on se construisait des signes de reconnaissance.
À force de «bonjours», de partages de sandwichs et d’échanges de paroles, le mur tombait.
Je n’ai jamais voulu les représenter pour la misère qu’ils inspirent. Le portrait est, à mon avis, la forme d’image la plus respectueuse.
C’est un message de reconnaissance et de respect qui leur est adressé."
Pauline Vial Berger